Les couleurs d’Europe
Les résultats de cette recherche commencée en 1965 en France, ont confirmé l’évidence de la spécificité des couleurs dans l’habitat régional. Ce constat et sa méthode d’analyse donnèrent naissance au concept la géographie de la couleur. Cette étude s’est ensuite poursuivie dans les pays européens, et plus tard sur d’autres continents. Ces études ont fait l’objet de la publication des livres Couleurs de France (1982), Couleurs de l’Europe (1995), Couleurs du Monde (1999) et Couleurs de la Méditerranée (2016) aux Éditions du Moniteur.
Photo: l’analyse de site en Europe (Faro, sud du Portugal). Le prélèvement des matériaux est l’une des séquences de l’analyse de site. Il permet de se fonder sur des données objectives que fournissent les habitations; ce sont les témoins originaux des couleurs et des matières des matériaux.
↑ L’Écosse. L’écriture géométrique très affirmée de cette maison à Findochty, est accentuée par le noir de la façade en contraste avec les chaînes d’angle et les encadrements.
↑ L’assemblage des moellons granitiques en lits horizontaux provoque un effet rythmique étonnant sur cette façade de Gardenstown. Les moellons petits et gros se succèdent de façon spontanée, mais non systématique. A l’écriture graphique des joints de mortier clair se superpose la coloration de valeur inégale des gris du granit. Le bleu des chaines et des encadrements apporte une touche colorée. Cet ensemble de valeur moyenne est rehaussé par l’ivoire des menuiseries.
↑ Ces illustrations à l’aquarelle de Fabrice Moireau présentent quelques colorations dominantes des habitations du littoral du Morayshire.
↑ L’écriture géométrique très affirmée de cette maison à Findochty en Écosse, est accentuée par le noir de la façade en contraste avec les chaînes d’angle et les encadrements. Exemple illustrant la phase d’analyse: prélèvements et contretypes des matériaux et, à droite, deux planches de synthèses des couleurs de façades. À gauche deux planches de synthèses qui reproduisent chacune 25 façades de maisons répertoriées sur le terrain
En 1982 ces planches de synthèses étaient réalisées manuellement par collages.
↑ L’Irlande. Si l’on devait nommer la couleur nationale de l’Irlande, c’est le vert qui s’impose. En effet le vert est la couleur emblématique de Saint Patrick, le patron chrétien de l’Irlande, pays aux vastes prairies verdoyantes. Cette habitation dans la campagne de Toormore témoigne de l’attachement des habitants à leur Saint patron.
↑ La couleur dominante des façades de tonalité vive, contraste le plus souvent avec le blanc ou le crème des menuiseries.
↑ Une présentation en alignements qui illustre tel quelles des séquences de rues de la petite ville de Schull.
↑ Une représentation synthétique d’un espace urbain habituel, où 25 maisons sous formes de vignettes sont regroupées dans un carré.
↑ Le Danemark. Copenhague est une ville très colorée dans des tonalités saturées de bleu, de rouge brique, de jaune, de gris, de vert. Le port de Nyhavn en est le témoin parfait.
↑ De part et d’autre du canal se dressent côte à côte les vieilles immeubles à pignon, toutes différentes les unes des autres par le détail de leur architecture et les couleurs vives de leurs façades. Les immeubles qui se font face, les bateaux, les reflets dans l’eau, tout ceci confère à ce lieu privilégié une richesse chromatique exceptionnelle et une grande gaieté visuelle.
↑ Synthèse chromatique dans l’île de Bornholm. (Collection du Centre de Création Industrielle au Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou, Paris.) On peut constater la diversité des couleurs de toitures, qui se déclinent dans toutes les variantes de la terre cuite. Les enduits de façades, qui s’inspire des ocres provenant du filon d’ocres qui traverse la Scandinavie, sont dominés par les oxydes jaunes et les ocres rouges. Les colombages et les soubassements contribuent au caractère très graphique de cette architecture.
↑ L’Allemagne. La ville de Dinkelsbühl est une des villes les plus pittoresque de la Bavière. Par le choix très affirmé des couleurs de sa palette, l’espace urbain constitue un vrai décor théâtral. L’une des caractéristiques de cette palette générale, est l’unité de la couleur des toitures rouge orangé en tuiles écailles qui contraste avec la diversité des façades.
↑ Le vert dans ses nombreuses variantes, est une couleur fréquente en Bavière. Il constitue un trait caractéristique de l’architecture de cette région d’Europe.
↑ Deux planches de synthèse chromatique des villes en Baviére, qui montrent les différentes qualités de vert, d’ocres jaune et d’oxydes rouge. A Landsberg les couleurs sont généralement en demi-teintes et avec une dominance des tons gris dans les verts et les ocres.
↑ En contraste, à Dinkelsbühl l’accent est sur les verts soutenus et quelques autres tonalités, telle que les ocres rouges et les jaunes tournesol et safran.
↑ L’Espagne. «Pueblos blancos» les villages blancs en Andalousie, sont un exemple significatif de ce qu’on pourrait appeler la non-couleur. En effet, dans cette région, la seule couleur de l’habitat est le lait de chaux dont sont enduits les murs et façades. Toutefois la palette générale comme le montre ce village de Casares, comprend deux tonalités dominantes: le blanc et le brun rouge de la terre cuite des toitures.
↑ La planche de synthèse chromatique de Grazalema, autre village en Andalousie, est un résumé des couleurs significatives des villages blancs d’Espagne. La palette ponctuelle des menuiseries quant à elle, est composée de tonalités variables qui traduisent le choix et la personnalité de chaque habitant pour la couleur. Ici dominent les tons bois, les bruns et le noir.
↑ Le Portugal. Les villages de l’Algarve dans le sud du Portugal présente un alignement de façades dont se succèdent les enduits aux tonalités contrastées où alternent tons chauds et tons froids.
↑ Une particularité spectaculaire de l’habitat au Portugal, est le revêtement des façades par des carreaux de faïence, les azulejos bleus et blanc d’origine mauresque.
↑ Planche de synthèse chromatique des façades de 25 maisons de Silves. Ici dominent les couleurs chaudes ocre jaune et ocre rouge, le blanc tonalité neutre et quelques tons froids, le bleu et le vert.
↑ L’Italie. En Italie, dans la lagune de Venise, l’île de Burano est un lieu où se déploie la couleur de façon exceptionnelle et spectaculaire.
↑ Cet ensemble de maisons illustre toute la théâtralité du décor architectural de Burano. La diversité et la juxtaposition des couleurs révèlent néanmoins une unité inattendue. Celle-ci provient des facteurs suivants: même dominante dans la famille et l’intensité chromatiques, et superposition de la trame ponctuelle dominée par le blanc des encadrements et le vert des menuiseries.
↑ Sur ces deux planches de synthèse de la ville de Burano, on peut observer deux niveaux de lecture: d’une part, la palette générale des façades, aux couleurs multiples et saturées, et…
↑ … d’autre part, la trame uniforme des composants: couvertures en tuiles romaines orangées, encadrements blancs, portes en bois vernis, volets verts.