Les couleurs du monde
Lenclos avait poursuivi ses études des couleurs de l’habitat populaire aux quatre coins du monde entre 1995 et 1999. Les pays étudies ici donne une idée de la diversité avec laquelle s’exprime la physionomie chromatique des maisons, des villes, des villages ou des campagnes. Tout habitat est coloré, fut-il de terre comme les gratte-ciel de Shibam au Yémen ou badigeonné de bleu, comme les maisons de Jodhpur en Inde.
Photo: ces fragments de tuiles ont été recueillis dans une entreprise de couverture, près de Murotsu au Japon en 1997. Quelques morceaux de tuiles anciennes montrent l’aspect gris mat de la terre cuite d’autrefois. Les tuiles plus récentes sont généralement émaillées.
↑ Les États Unis. New York. Greene Street dans le quartier de Soho est caractérisé par les escaliers de secours accrochés aux façades. Les couleurs dominantes de la palette générale sont des tons profonds; le rouge brique, le bleu, le gris et toutefois rompus par du blanc ou du crème.
↑ Ces prélèvements d’enduits de façades effectués à Greenwich Village en 1983, sont les témoins originaux des couleurs et des matières. En usage à cette époque-là dans ce quartier de New York. Ces simples parcelles de couleurs illustrent de façon significative l’ambiance chromatique d’un paysage urbain, et restituent un aspect essentiel de la mémoire du lieu.
↑ Dans le quartier de Greenwich Village, les immeubles résidentiels en alignement (row houses) témoignent d’une certaine rigueur architecturale. Chacune des façades s’identifie par le choix d’une tonalité affirmée, en contraste avec ses voisines. La palette ponctuelle des ouvertures rehaussée de blanc crée une trame uniforme, et procure à cette architecture urbaine raffinement et élégance.
↑ Planche de synthèse globale de 25 habitations de Greenwich Village. Elle comprend la palette ponctuelle superposée à la palette générale.
↑ Le Guatemala. Près du lac Atitlán, dans la petite ville de Salcaja, la plupart de ses habitations sont colorées de turquoise et de bleu. En saura-t-on un jour la raison? On peut néanmoins rappeler que pour les Mayas, le bleu-vert est la couleur de l’eau et de la fertilité.
↑ Un habitant de Salcaja recouvre la façade de sa maison par une couche de peinture turquoise.
↑ Planche de synthèse des façades de Salcaja dans la province du Quiché. Aux turquoise et bleu dominants s’ajoutent le blanc, l’ocre rouge et l’ocre jaune.
↑ La Russie. Souzdal, au nord de Vladimir Obast, est une ville qui possède un patrimoine architectural exceptionnel. Les isbas, maisons traditionnelles en planches de bois, sont élégamment peintes de couleurs délicates.
↑ Cette planche de synthèse effectuée à Souzdal en 1990, illustre avec éloquence la physionomie chromatique de cette ville, construite encore à cette époque, de maisons en bois.
↑ L’Algérie. Au sud de l’Algérie la ville de Ghardaïa présente un tissu urbain particulièrement dense. La couleur dominante est un ton sable ocré en homochromie avec la couleur du désert. Quelques blanc, bleu-ciel et verts de valeurs claires ponctuent cette palette générale.
↑ Le souk de Ghardaïa est une grande place rectangulaire entourée sur ses quatre faces d’arcades sous lesquelles s’ouvrent des boutiques. Ce vaste espace, planté comme un décor, constitue un véritable poumon de respiration dans un tissu urbain par ailleurs très dense. Auparavant badigeonnée au lait de chaux blanc, cette place venait d’être repeinte en ton sable en 1984.
↑ Cette planche de synthèse des couleurs de l’habitat de Ghardaïa, en 1984, donne deux indication: d’une part la couleur des façades est largement dominée par les tons sable; d’autre part, le vert ne figure pas ici, car il est principalement utilisé dans les patios et les terrasses intérieurs.
↑ Le Yémen. Les vieux quartiers de Sana’a, la capitale du Yémen du nord, présentent un tissu urbain d’une architecture incomparable. L’unité chromatique de ce paysage architectural provient, d’une part de sa palette générale où domine la brique de terre gris ocré, et d’autre part de sa palette ponctuelle composée de motifs décoratifs rehaussés de blanc de chaux.
↑ Cet ensemble d’habitations fournit un bon exemple des particularités chromatiques des immeubles anciens de Sana’a. La palette générale a les couleurs du basalte, de la terre, des briques et des enduits. La terre d’ombre dominante se décline dans un camaïeu d’ocres aux diverses échelles de clarté.
↑ Planche de synthèse de l’habitat ancien du Yémen du nord.
↑ L’Inde. Le Radjasthan. Les villes Jaisalmer et Jodhpur, situées à 200km de distance à l’ouest du Radjasthan, illustrent de façon éloquente le concept de la géographie de la couleur. Chaque ville avec leur identité chromatique bien spécifique. Jaisalmer est entièrement bâtie en grès jaune.
↑ En plein désert de That, dans la partie la plus occidentale du Rajasthan, Jaisalmer, construite en grès jaune, est à juste titre appelée la «ville dorée». De l’une des terrasses du Patwon Ki Haveli, on découvre l’élégance de l’architecture de ces palais édifiés au XIXieme siècle par de riches marchands, et la finesse exquise des ornements sculptés.
↑ La dominante chromatique de la palette générale de la synthèse partielle de Jaisalmer, est caractérisée par les grès, les enduits ocre, et les jaunes doré. La palette ponctuelle est principalement illustrée par des tons vert, turquoise et bleu. 1996
↑ La vue plongeante sur les vieux quartiers de Jodhpur, depuis les terrasses du palais, révèle un spectaculaire paysage urbain particulièrement homogène, dont la palette générale est un intense bleu de cobalt. C’est ainsi que Jodhpur est appelée «la ville bleue».
↑ La vieille ville de Jodhpur est remarquable par la qualité et le raffinement de son architecture complexe, parée de découpes et de sculptures.
↑ Les vingt-cinq vignettes présentées ici symbolisent de façon schématique, les couleurs du vieux Jodhpur. Parmi les bleus dominants, quelques tonalités d’ocre et de grès rouge font exception à la règle. La palette ponctuelle est presque composée de tous verts qui se déploient du vert jaune au turquoise sur toute l’échelle de clarté. 1996
↑ Le Japon. Murotsu est un petit port de pêche situé à l’est de Kobé. Ces habitations anciennes situées dans la rue principale, résument les caractéristiques de l’architecture urbaine de l’époque Meiji. Bois, enduits blancs, tuiles vernissées grises, la palette est de dominante sombre.
↑ La planche de synthèse des couleurs de l’habitat de Murotsu, résume les trois principaux types architecturaux rencontrés dans cette petite ville: l’habitation ancienne où dominent le gris des toits, et les tonalités sombres du bois patiné; l’architecture plus récente mais d’inspiration traditionnelle dans le choix des matériaux et des couleurs; et enfin la construction semi-industrielle, ou l’on voit apparaître des matériaux de toiture, des revêtements et des menuiseries aux couleurs nouvelles. 1997